Parole de professionnel
2024 : année charnière pour les infirmiers libéraux ? La question est posée à Jean-François Bouscarain, infirmier libéral installé à Valergues, trésorier de notre CPTS, mais aussi président de l’URPS infirmiers libéraux d’Occitanie.
Certificat de décès, bilans de prévention : 2024 semble être une année décisive pour les infirmiers libéraux ! Comment interprétez-vous tous ces changements ?
Je commencerai par noter que notre région est leader sur ce sujet… et que les besoins sont colossaux ! Nous nous témoignons depuis longtemps, entre professionnels de santé, une véritable confiance. Cela, car nous avons des compétences croisées, que nous mesurons sur le terrain, bien plus que dans les bureaux parisiens du Ministère de la santé… La question sur sujet, en fait, ce n’est pas fondamentalement de savoir qui est meilleur que l’autre pour faire quoi, mais surtout de répondre à la demande des familles. Exemple lors des certificats de décès : la présence des IDEL est appréciée. Dans ce moment douloureux, nous pouvons alors conjuguer compétence et humanité.
La profession s’engage-t-elle vraiment dans ces nouveaux actes ? Les démarrages semblent timides…
Il y a toujours un delta entre la volonté d’une profession, sa capacité à faire et ensuite son appropriation avant la mise en route des changements systémiques des modalités nouvelles. On est dans la phase ou la montée en charge des nouveaux actes chez les professionnels va prendre toute sa latitude. Les patients nous le demandent. Et ils sont plus impatients que nous, cela est donc normal.
“Tous les freins sont levés”
Du 22 au 28 avril, c’est la semaine européenne de la vaccination : sur ce sujet aussi, les IDEL, comme d’autres professionnels d’ailleurs, ont acquis une nouvelle compétence depuis un peu plus de deux ans. Tous les freins au vaccin ont-ils été levés, selon vous ?
Tous les freins sont levés, la mise à disposition par exemple des vaccins dans les cabinets des IDELS (afin de prescrire et faire le vaccin) apparaît comme une suite logique dans le cadre des consultations de prévention. On a donc des trous dans la raquette, qu’il faudra combler, tant les besoins sont grands. 1 patient sur 2 que je croise lors de mes tournées, n’est pas à jour des vaccins de base ! Mais le carnet vaccinal est bien plu large que ce que nous connaissons tous. Notre région connait des mouvements migratoires importants, à l’étranger par exemple, et rendre l’ensemble des effecteurs de ville « vaccinateurs universels » (sauf fièvre jaune) permettrait par la même occasion d’avoir un système de santé régional préparé en cas de nouvelle épidémie/pandémie… Avec des effecteurs de ville à l’aise pour utiliser et conseiller l’ensemble des vaccins disponibles.