Échanges avec Sarah Degiovani, présidente de la Fédération nationale des orthophonistes.
INTERVIEW
Les orthophonistes en accès direct, c’est une réalité ou un projet ? Difficile d’y voir clair.
Sarah Degiovani : Réalité très tangible. Depuis le 26 juillet 2023 et la loi RIST, les orthophonistes ont la possibilité de réaliser des actes en accès direct, c’est-à-dire sans prescription médicale préalable. Toutefois, cela ne se fait pas sans conditions. Ainsi, les orthophonistes autorisés sont ceux exerçant en structure de soins et d’exercice coordonné telles que les ESP, MSP, les centres de santé…
… Les CPTS aussi, alors.
Dans le cas particulier des CPTS, la mention de l’accès direct doit simplement être inscrite au sein du projet de santé de la CPTS. Soit dès sa création ou, par extension, grâce à la rédaction d’un avenant approuvé par le vote du conseil d’administration.
Qui sont les patients autorisés à venir vous consulter ?
Tout patient qui le souhaite, et pas uniquement ceux qui résident au sein d’une des communes de la CPTS. On ne demande pas d’avis de domiciliation lors de l’enregistrement ! Je précise aussi que tous les symptômes sont reçus en accès direct.
L’accès à un orthophoniste est souvent long et compliqué. L’accès direct ne va-t-il pas venir amplifier le phénomène ?
J’entends votre remarque, que je partage d’ailleurs partiellement car elle sous-entend l’importance d’un adressage qualifié et légitime pour ne pas venir allonger inutilement nos délais d’attente. Mais, nous le pensons, le médecin généraliste ne peut pas être le seul adresseur ! surtout qu’il est souvent lui-même…submergé.
Que proposez-vous ?
En Occitanie, nous avons mis sur pied la plateforme Allo-Ortho.com par laquelle tout patient qui s’interroge sur ses besoins en matière d’orthophonie trouvera des informations clés. Il pourra aussi, via une ligne téléphonique, être mis en lien avec une orthophoniste régulatrice. Grâce à une protocole établi par la profession, cette dernière sera rapidement en mesure d’identifier une demande légitime ou non, mais aussi de réorienter vers d’autres professionnels, comme par exemple un ORL, pour la vérification de l’intégrité physique des cordes vocales. Cette plateforme, qui existe en Occitanie et dans 7 autres régions de France à ce jour, sera généralisée à l’échelle nationale avant la fin de l’année. L’objectif demeure : fluidifier les parcours.
Et après l’examen ?
Le compte rendu du bilan orthophonique doit être transmis au patient et à son médecin traitant. Il doit être déposé dans le DMP du patient (espace santé) sous réserve d’en obtenir son accord express. En l’absence de médecin traitant, l’orthophoniste proposera au patient d’être mis en relation avec le coordinateur de la CPTS.
NB : pour information, le Conseil d’Administration de la CPTS Montpellier Est Bérange vient de donner son accord pour l’Accès direct aux orthophonistes, sur notre territoire. Le Projet de santé sera mis à jour en ce sens avant l’été.
Vous n’êtes pas encore adhérent de notre CPTS ? Rejoignez-nous gratuitement et simplement en 3 clics !