Agile, mobile, inter-connectée ! La nouvelle génération de soignants marque son temps, découvrant l’exercice libéral sous un jour très différent de celui qui aura longtemps guidé ses aînés. “L’esprit CPTS”, incarnation de ces nouvelles valeurs et méthodes professionnelles, a séduit Eva Settembre, heureuse de se sentir utile au plus grand nombre.
“Génération connectée”
Eva, qui êtes-vous ?
Je suis Masseur-kinésithérapeute depuis maintenant cinq ans. J’exerce en libéral depuis 2019 au sein d’un cabinet installé à Baillargues, que j’ai d’abord rejoint en tant que remplaçante, puis comme assistant-collaborateur. J’en suis aujourd’hui l’une des associées avec d’autres confrères, dont Julien Trabucco et Arnaud Barbier, Secrétaire de la CPTS du Bérange.
Comment définiriez-vous votre exercice professionnel ?
J’exerce en mode “hybride”, c’est-à-dire 50% au cabinet, 50% au domicile des patients. C’est essentiel à mon équilibre car je suis, par nature, très active. L’idée de rester enfermée entre quatre murs du matin jusqu’au soir tard… Très peu pour moi. J’ai besoin de bouger, de respirer, de voir du monde en dehors ! Le domicile, même si bien sûr, c’est contraignant sur certains points, c’est presque une forme d’exutoire. Et ça permet de rester connecté avec le territoire, avec les confrères, les patients…
La kinésithérapie, c’est la science du mouvement après tout.
J’allais le dire. Mais c’est aussi une science “en mouvement”, au sens où la pratique évolue. C’est d’ailleurs ce qui me fascine dans ce métier, celui de mes rêves. Je ne me verrais pas faire autre chose. Quand on y réfléchit, quoi de plus gratifiant que d’aider les gens, les soigner, les accompagner ? Bref, pour revenir à proprement parler sur le sujet du mouvement “professionnel”, j’entends par là celui de l’exercice domiciliaire, j’avoue être parfois soucieuse. Les figures tutélaires se rendent-elles toujours bien compte du caractère précieux de ce mode d’exercice pour notre système de santé, pour notre économie, pour nos patients ? Des fois, j’ai l’impression que non… J’ai toutefois l’espoir que le Ministère finisse par mettre en place des mesures incitatives. Car si le domicile disparaît ou se raréfie, qu’adviendra-t-il de ceux pour qui le soin en cabinet n’est pas une option parce qu’ils sont, pour diverses raisons, tenus de rester à la maison ? Le domicile, n’est-il pas l’hôpital de demain ?
“Notre état de santé, de forme, n’est que le reflet de nos choix de vie”
On touche du doigt la question de la dépendance…
Je préfère toujours parler des solutions plutôt que des problèmes. Donc oui, le domicile sous-entend bien entendu la question de la dépendance. mais la dépendance, de mon point de vue, n’est pas nécessairement une fatalité. Il est important de prendre conscience qu’en grande partie, notre état de santé, de forme, n’est que le reflet de nos choix de vie. Si je n’en étais pas intimement convaincue, je n’aurais pas rejoint la dynamique ICOPE dès les premiers jours.
Vous proposez donc des “ICOPE” ?
Je me suis rapidement formée au STEP 1, qui se concentre sur le dépistage précoce du déclin des capacités intrinsèques de l’individu âgé de +60 ans, bien au-delà des simples considérations relatives à mon métier de masseur-kinésithérapeute. Audition, cognition, humeur, nutrition, mobilité… C’est un monitoring complet et régulier qui s’organise afin qu’on puisse, en cas d’altération d’une ou plusieurs des fonctions, procéder à une évaluation gériatrique standardisée (STEP 2), conduisant ensuite à un plan d’intervention personnalisé (STEP 3). ICOPE est fait pour s’accorder avec la démarche des libéraux, comme avec celle des CPTS : ça fonctionne sur la base d’énergies individuelles rassemblées au service d’un objectif commun. Et ça nous ramène inévitablement au pluriprofessionnel. Je profite de cet article pour adresser un message à vos lecteurs, praticiens de santé comme patients : intéressez-vous au dispositif ! Rien de plus simple ! Et on a tous à y gagner. Le maître mot, c’est l’autonomie. Le domicile ? Oui ? mais en toute autonomie ! C’est primordial.
“La CPTS, c’est aussi utile pour se constituer un réseau”
Pourquoi, en tant que soignante, avoir rejoint la CPTS ?
Chacun voit midi à sa porte. Mais je pense, par exemple, qu’il peut être intéressant de rejoindre une CPTS comme la nôtre pour lutter contre le sentiment de solitude professionnelle, pour lever la tête du guidon, pour comprendre ce qui se passe sur notre territoire, prendre part aux nouvelles dynamiques qui se mettent en place, étoffer son répertoire professionnel en rencontrant les confrères, les consoeurs, les autres corps soignants… Qui arrive, qui part, qui déménage, qui est spécialisé dans quoi, qui a des créneaux d’urgence disponibles ou une approche particulière permettant de répondre à des demandes spécifiques ? La CPTS est un vivier d’informations très précieux. Je suis installée à Baillargues depuis cinq ans, on commence à me connaître, mais si je me mets un instant dans la peau d’un jeune qui s’installe, je me dis que rejoindre une CPTS, c’est une façon plutôt simple et efficace de se faire connaître, de commencer à se constituer un réseau. Ne serait-ce que lors des Assemblées générales, qui rassemblent tout ce que la CPTS fait de meilleur, d’innovant.
Un exemple ou cas pratique à donner ?
Un exemple récent et pratique : un suivi post-op à organiser, au domicile du patient, sur la commune de Lansargues. C’est à la fois proche et lointain de mon cabinet de Baillargues. Avec l’aide du réseau CPTS, j’ai pu identifier clairement les cabinets d’infirmiers libéraux capables de répondre, avec nous, à un besoin de prise en charge immédiat et dit “complexe”. Me concernant moi, si ça peut être utile à quiconque lira cet article, notez que je suis masseur-kinésithérapeute “généraliste”, mais particulièrement formée sur les techniques de soin de l’épaule. Je suis toujours heureuse de pouvoir donner un conseil, partager un point de vue…
Confrères ou concurrents ?
Franchement, vous ne nous voyez pas, tous, courir partout ? Confrères, équipe, communauté. Il y a du travail pour tout le monde ! Vraiment.
Une particularité de votre métier que vous aimeriez souligner ?
Même si, dans certaines conditions très précises, de façon relativement récente et encore méconnue, nous sommes une profession accessible en accès direct, c’est-à-dire sans prescription médicale, notre champ d’intervention reste malgré tout souvent limité par la prescription d’un médecin généraliste. Il est donc essentiel de travailler sur la base d’une relation d’expertise. Nous avons besoin des médecins, ils ont besoin de nous. Et cette logique s’applique avec tous les autres soignants. Nous devons mieux communiquer pour travailler encore (et encore) plus efficacement. Le système est bâti selon un mode pyramidal, mais dans la réalité, les échanges sont de plus en plus horizontaux. Le soignant de 2025, et ce n’est pas une question d’âge, est en train de marquer un virage “générationnel” important. Il prouve que l’agilité est la nouvelle clé de voûte du soin.
INTERVIEW INTEGRALE à retrouver en Décembre dans TERRITOIRE SANTE n°6
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