Vaccination : 5 nouveautés importantes, avec Dr. Anke Bourgeois.

Par Coordination CPTSBérange
Le 1 février 2025

 

 

 

 

Campagnes de sensibilisation, intégration au sein du dispositif “Bilan de prévention”, actions de terrain… La vaccination est au cœur de l’actualité et doit s’inscrire comme un réflexe dans notre quotidien de soignants. Pour autant, difficile parfois de s’y retrouver. Alors, avec l’aide du Dr. Anke Bourgeois, nous vous proposons non pas un ménage de printemps, mais un balayage éclairé de l’actualité vaccinale.

Anke Bourgeois

> Médecin coordinatrice du service vaccinations de l’institut Bouisson Bertrand

> Médecin au sein des services Relations internationales et Maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier

INTERVIEW

Dr. Bourgeois, quel est votre sentiment général au sujet de la vaccination, en ce printemps 2025 ?

J’ai bien envie de dire, puisque vous me posez la question de façon très directe, qu’il y a “encore du pain sur la planche”. Mais, bonne nouvelle, la vaccination est l’affaire de tous, ce qui théoriquement doit contribuer à obtenir plus facilement la couverture vaccinale attendue par et pour nos concitoyens. Mais votre revue s’adresse aux soignants. Est-il utile de répéter que nous devons y penser à toutes les occasions, à chaque consultation ? Chaque patient a des indications vaccinales, au moins pour son âge, voire pour une comorbidité, son métier… A chaque consultation, soyez proactifs, vérifiez si c’est le moment d’un rappel. Tracez les vaccins et rappels à faire dans les antécédents ! Ils ressortiront dans tous vos courriers afin d’y penser !

Les instances, les communes, les collectivités, nous lisent aussi.

Continuons de les solliciter pour nous aider : la communication de masse est essentielle à la réussite des campagnes vaccinales. Au même titre que les festivités ou les consignes de circulation qui s’affichent sur les panneaux lumineux ou les lieux d’affichage public, les campagnes de santé publique doivent être mises en avant ! Certains, par exemple, ont intégré dans leurs publications périodiques type bulletins municipaux, des encarts “santé”. Il ne faut négliger aucune piste, si l’on veut toucher le plus grand nombre.

Ne trouvez-vous pas que la surinformation, en particulier sur le sujet de la vaccination, produit parfois l’effet inverse ? On s’y perd un peu.

En effet, les recommandations sont nombreuses et évolutives ! 

Une interne en médecine générale a constaté lors de son travail de thèse que seuls 30% des médecins généralistes interrogés dans l’Hérault connaissaient l’existence du Centre de vaccination départemental et seulement 5% étaient abonnés à leur newsletter, qui propose pourtant de façon très synthétique, les dernières informations et recommandations en vigueur. Quand on parle de vaccin, on le sait, tout évolue très vite ! Se tenir informé “en temps réel” est essentiel.

Quels sont les organes de référence ?

Il y en a plusieurs. Le Centre de vaccination Publique de l’Hérault (CVP34) en est un. Il est basé à l’Institut Bouisson Bertrand, qui abrite aussi un Centre de Vaccinations Internationales et de médecine des voyages. Des supports d’informations très utiles, sont à télécharger ou commander à l’Institut Bouisson Bertrand. 

Bien sûr, il y a aussi les sites de référence incontournables comme vaccination-info-service.fr, mesvaccins.net ou infovac.fr.

Plusieurs vaccins ont marqué l’actualité ces dernières semaines. Je vous propose d’en choisir cinq et de développer.

Zona. On sous-estime souvent, la dangerosité du zona. Il existe bien sûr des formes “simples”, mais pour les fragiles, les potentielles complications sont réelles, par exemple en cas de localisation ophtalmique. Un zona peut engendrer des douleurs chroniques, entrainant une polymédication avec des antalgiques se révélant par ailleurs plus ou moins efficaces selon les patients… Le risque, en bout de course, c’est le déclin et la perte d’autonomie. L’actualité récente, c’est que nous disposions jusqu’à présent d’un vaccin vivant remboursé, uniquement pour les 65-74 ans immunocompétents, et modérément efficace. Depuis l’été 2023, un vaccin inactivé, le Shingrix, efficace à 90%, y compris chez les personnes immunodéprimées est disponible. Depuis le 16 décembre dernier, il est accessible en pharmacie et remboursé à 65% par l’Assurance Maladie, 35% par les mutuelles. 

Quelles sont les indications ?

Pour les 65 ans et +, deux doses à au moins 2 mois d’intervalle. Et pour tous les majeurs immunodéprimés, en suivant le même schéma. Dernier détail important : si on a déjà eu un zona, on attend douze mois avant de se faire vacciner. 

On poursuit, dans l’actualité.

HPV. On s’adresse ici à tous les jeunes, filles ou garçons, âgées de 11 à 14 ans. À cet âge-là, la vaccination contre le HPV est beaucoup plus efficace. Il faut deux doses, espacées de 5 à 13 mois. Autre recommandation : les ados de 15 à 19 ans. Mais pour eux, on parle de “rattrapage” et trois doses (M0,M2,M6) sont nécessaires.

Et au-delà de 19 ans ?

C’est un peu moins efficace, mais toujours utile. La recommandation et le remboursement sont uniquement pour les jeunes hommes homosexuels âgés de 19 à 26 ans. Nous espérons fin avril un élargissement à tous les jeunes de cette tranche d’âge, sans distinction. 

Si possible, le faire AVANT les premiers rapports sexuels.

Il faut le faire si possible avant les premiers rapports sexuels. Mais le vaccin actuel couvre 9 types de papillomavirus, alors il reste utile même si d’aventure vous en aviez contracté un ou deux…

Troisième vaccin. Je vous ai vu griffonner “pneumocoque” sur votre carnet.

Pneumocoque. Cela fait partie des vaccins obligatoires des nourrissons, notamment parce qu’il permet d’éviter les méningites à pneumocoques, qui peuvent être mortelles. On vaccine à 2, 4 et 11 mois, c’est-à-dire durant la première année de vie. L’actualité à ce sujet, c’est que jusqu’en mai 2024, nous prescrivions exclusivement le Prevenar 13. Aujourd’hui, le Vaxneuvance, vaccin conjugué 15 valent, protège contre deux sérotypes supplémentaires.

Poursuivez.

L’autre message à passer, c’est que la vaccination concerne aussi, les enfants de plus de deux ans et les adultes souffrant de maladies chroniques, car leur risque de développer des infections respiratoires sévères à pneumocoques, est plus grand. Mais attention, de 2 à 18 ans, le schéma est différent puisqu’on combinera le Vaxneuvance (à la place du Prevenar13), suivi du Pneumovax. Pour les + 18 ans : une seule dose de Prevenar 20, vaccin conjugué 20 valent sera efficace pour dix années.

Pouvons-nous évoquer les VRS et la bronchiolite, qui a encore fait trop de malades cette année ?

VRS / Bronchiolite. Vrai sujet que celui-ci, avec un virus extrêmement contagieux. Les nourrissons à risque de forme sévère sont ceux nés depuis la fin de la dernière “saison de bronchiolite”. Une immunisation active par anticorps monoclonaux, le Beyfortus leur est proposée, et ce dès la maternité pour ceux nés pendant la saison de bronchiolite. Autre mode de prévention : il existe depuis septembre 2024 un vaccin préventif qu’on fait à la femme enceinte afin qu’elle transmette les anticorps à son fœtus. Il est à proposer aux futures mamans dès juillet/août, en amont de la période épidémique et jusqu’à la fin de cette période ! L’Abrysvo est le seul vaccin disponible dans cette indication remboursable. 

VRS / Infection respiratoire chez les personnes âgées

Le VRS, au même titre que la grippe ou le Covid, peuvent entraîner des complications sévères. Les vaccins Arexvy et Abrysvo (remboursement à venir) sont indiqués en une seule dose aux personnes de plus de 75 ans et à celles de 65 à 75 ans avec comorbidité cardiaque ou respiratoire. A l’entrée de l’automne, les vaccinations grippe , Covid et VRS sont recommandées et peuvent être effectuées le même jour ou séparément ! 

Cinquième et dernier ?

Méningocoques ACWY & B / Nourrissons. Depuis le 1er janvier 2025, l’obligation vaccinale concerne les méningocoques ACWY et B. Je m’en félicite, d’autant que l’obligation du vaccin contre le sérotype C a presque permis de l’éradiquer du territoire ! Je rappelle que la létalité des méningites à méningocoques est de 10 à 20%, avec des séquelles dans 30% des cas, sur des sujets pleine santé. Le décès peut survenir en quelques jours, voire quelques heures à peine… 

Méningocoques ACWY & B / Ados. Non obligatoires mais plus qu’utiles, j’encourage vivement tout parent et soignant à proposer la vaccination entre 11 et 14 ans (remboursée pour le tétravalent, non remboursée pour le B), avec un « rattrapage » de 15 à 24 ans. La vaccination doit rester un réflexe, faites le point avec votre médecin.

INTERVIEW  à retrouver en mars 2025 dans TERRITOIRE SANTE n°7

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Campagnes de sensibilisation, intégration au sein du dispositif “Bilan de prévention”, actions de terrain… La vaccination est au cœur de l’actualité et doit s’inscrire comme un réflexe dans notre quotidien de soignants. Pour autant, difficile parfois de s’y retrouver. Alors, avec l’aide du Dr. Anke Bourgeois, nous vous proposons non pas un ménage de printemps, mais un balayage éclairé de l’actualité vaccinale.

Anke Bourgeois

> Médecin coordinatrice du service vaccinations de l’institut Bouisson Bertrand

> Médecin au sein des services Relations internationales et Maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier

INTERVIEW

Dr. Bourgeois, quel est votre sentiment général au sujet de la vaccination, en ce printemps 2025 ?

J’ai bien envie de dire, puisque vous me posez la question de façon très directe, qu’il y a “encore du pain sur la planche”. Mais, bonne nouvelle, la vaccination est l’affaire de tous, ce qui théoriquement doit contribuer à obtenir plus facilement la couverture vaccinale attendue par et pour nos concitoyens. Mais votre revue s’adresse aux soignants. Est-il utile de répéter que nous devons y penser à toutes les occasions, à chaque consultation ? Chaque patient a des indications vaccinales, au moins pour son âge, voire pour une comorbidité, son métier… A chaque consultation, soyez proactifs, vérifiez si c’est le moment d’un rappel. Tracez les vaccins et rappels à faire dans les antécédents ! Ils ressortiront dans tous vos courriers afin d’y penser !

Les instances, les communes, les collectivités, nous lisent aussi.

Continuons de les solliciter pour nous aider : la communication de masse est essentielle à la réussite des campagnes vaccinales. Au même titre que les festivités ou les consignes de circulation qui s’affichent sur les panneaux lumineux ou les lieux d’affichage public, les campagnes de santé publique doivent être mises en avant ! Certains, par exemple, ont intégré dans leurs publications périodiques type bulletins municipaux, des encarts “santé”. Il ne faut négliger aucune piste, si l’on veut toucher le plus grand nombre.

Ne trouvez-vous pas que la surinformation, en particulier sur le sujet de la vaccination, produit parfois l’effet inverse ? On s’y perd un peu.

En effet, les recommandations sont nombreuses et évolutives ! 

Une interne en médecine générale a constaté lors de son travail de thèse que seuls 30% des médecins généralistes interrogés dans l’Hérault connaissaient l’existence du Centre de vaccination départemental et seulement 5% étaient abonnés à leur newsletter, qui propose pourtant de façon très synthétique, les dernières informations et recommandations en vigueur. Quand on parle de vaccin, on le sait, tout évolue très vite ! Se tenir informé “en temps réel” est essentiel.

Quels sont les organes de référence ?

Il y en a plusieurs. Le Centre de vaccination Publique de l’Hérault (CVP34) en est un. Il est basé à l’Institut Bouisson Bertrand, qui abrite aussi un Centre de Vaccinations Internationales et de médecine des voyages. Des supports d’informations très utiles, sont à télécharger ou commander à l’Institut Bouisson Bertrand. 

Bien sûr, il y a aussi les sites de référence incontournables comme vaccination-info-service.fr, mesvaccins.net ou infovac.fr.

Plusieurs vaccins ont marqué l’actualité ces dernières semaines. Je vous propose d’en choisir cinq et de développer.

Zona. On sous-estime souvent, la dangerosité du zona. Il existe bien sûr des formes “simples”, mais pour les fragiles, les potentielles complications sont réelles, par exemple en cas de localisation ophtalmique. Un zona peut engendrer des douleurs chroniques, entrainant une polymédication avec des antalgiques se révélant par ailleurs plus ou moins efficaces selon les patients… Le risque, en bout de course, c’est le déclin et la perte d’autonomie. L’actualité récente, c’est que nous disposions jusqu’à présent d’un vaccin vivant remboursé, uniquement pour les 65-74 ans immunocompétents, et modérément efficace. Depuis l’été 2023, un vaccin inactivé, le Shingrix, efficace à 90%, y compris chez les personnes immunodéprimées est disponible. Depuis le 16 décembre dernier, il est accessible en pharmacie et remboursé à 65% par l’Assurance Maladie, 35% par les mutuelles. 

Quelles sont les indications ?

Pour les 65 ans et +, deux doses à au moins 2 mois d’intervalle. Et pour tous les majeurs immunodéprimés, en suivant le même schéma. Dernier détail important : si on a déjà eu un zona, on attend douze mois avant de se faire vacciner. 

On poursuit, dans l’actualité.

HPV. On s’adresse ici à tous les jeunes, filles ou garçons, âgées de 11 à 14 ans. À cet âge-là, la vaccination contre le HPV est beaucoup plus efficace. Il faut deux doses, espacées de 5 à 13 mois. Autre recommandation : les ados de 15 à 19 ans. Mais pour eux, on parle de “rattrapage” et trois doses (M0,M2,M6) sont nécessaires.

Et au-delà de 19 ans ?

C’est un peu moins efficace, mais toujours utile. La recommandation et le remboursement sont uniquement pour les jeunes hommes homosexuels âgés de 19 à 26 ans. Nous espérons fin avril un élargissement à tous les jeunes de cette tranche d’âge, sans distinction. 

Si possible, le faire AVANT les premiers rapports sexuels.

Il faut le faire si possible avant les premiers rapports sexuels. Mais le vaccin actuel couvre 9 types de papillomavirus, alors il reste utile même si d’aventure vous en aviez contracté un ou deux…

Troisième vaccin. Je vous ai vu griffonner “pneumocoque” sur votre carnet.

Pneumocoque. Cela fait partie des vaccins obligatoires des nourrissons, notamment parce qu’il permet d’éviter les méningites à pneumocoques, qui peuvent être mortelles. On vaccine à 2, 4 et 11 mois, c’est-à-dire durant la première année de vie. L’actualité à ce sujet, c’est que jusqu’en mai 2024, nous prescrivions exclusivement le Prevenar 13. Aujourd’hui, le Vaxneuvance, vaccin conjugué 15 valent, protège contre deux sérotypes supplémentaires.

Poursuivez.

L’autre message à passer, c’est que la vaccination concerne aussi, les enfants de plus de deux ans et les adultes souffrant de maladies chroniques, car leur risque de développer des infections respiratoires sévères à pneumocoques, est plus grand. Mais attention, de 2 à 18 ans, le schéma est différent puisqu’on combinera le Vaxneuvance (à la place du Prevenar13), suivi du Pneumovax. Pour les + 18 ans : une seule dose de Prevenar 20, vaccin conjugué 20 valent sera efficace pour dix années.

Pouvons-nous évoquer les VRS et la bronchiolite, qui a encore fait trop de malades cette année ?

VRS / Bronchiolite. Vrai sujet que celui-ci, avec un virus extrêmement contagieux. Les nourrissons à risque de forme sévère sont ceux nés depuis la fin de la dernière “saison de bronchiolite”. Une immunisation active par anticorps monoclonaux, le Beyfortus leur est proposée, et ce dès la maternité pour ceux nés pendant la saison de bronchiolite. Autre mode de prévention : il existe depuis septembre 2024 un vaccin préventif qu’on fait à la femme enceinte afin qu’elle transmette les anticorps à son fœtus. Il est à proposer aux futures mamans dès juillet/août, en amont de la période épidémique et jusqu’à la fin de cette période ! L’Abrysvo est le seul vaccin disponible dans cette indication remboursable. 

VRS / Infection respiratoire chez les personnes âgées

Le VRS, au même titre que la grippe ou le Covid, peuvent entraîner des complications sévères. Les vaccins Arexvy et Abrysvo (remboursement à venir) sont indiqués en une seule dose aux personnes de plus de 75 ans et à celles de 65 à 75 ans avec comorbidité cardiaque ou respiratoire. A l’entrée de l’automne, les vaccinations grippe , Covid et VRS sont recommandées et peuvent être effectuées le même jour ou séparément ! 

Cinquième et dernier ?

Méningocoques ACWY & B / Nourrissons. Depuis le 1er janvier 2025, l’obligation vaccinale concerne les méningocoques ACWY et B. Je m’en félicite, d’autant que l’obligation du vaccin contre le sérotype C a presque permis de l’éradiquer du territoire ! Je rappelle que la létalité des méningites à méningocoques est de 10 à 20%, avec des séquelles dans 30% des cas, sur des sujets pleine santé. Le décès peut survenir en quelques jours, voire quelques heures à peine… 

Méningocoques ACWY & B / Ados. Non obligatoires mais plus qu’utiles, j’encourage vivement tout parent et soignant à proposer la vaccination entre 11 et 14 ans (remboursée pour le tétravalent, non remboursée pour le B), avec un « rattrapage » de 15 à 24 ans. La vaccination doit rester un réflexe, faites le point avec votre médecin.

INTERVIEW  à retrouver en mars 2025 dans TERRITOIRE SANTE n°7

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